mercredi 25 août 2010

Retour au bercail !

Ça y est ! Nous voilà à Fouesnant. Nous avons fait un superbe voyage, nous en sommes très heureux, mais nous avons un énorme plaisir à rentrer à la maison ! 4 mois, c’est bien et c’est long, c’est selon…
Donc nous sommes restés à Kilmore Quay au Sud-Est de l’Irlande pendant 3 jours, en attendant que le coup de vent passe et que la mer se calme « un peu ». Nous en avons profité pour visiter la ville voisine de Wexford, faire de menus travaux sur le bateau, nous promener, admirer le phoque vedette du port. Le vent n’a pas empêché les moments de grand soleil et nous avons bien apprécié notre attente.
Samedi 21 août nous quittions le port pour les îles Scilly au Sud-Ouest de la pointe de la Cornouaille britannique. 140 miles dans de bonnes conditions, avec un vent léger mais suffisant pendant les ¾ de la traversée, avec un ciel dégagé, du soleil dans la journée et la lune pour nous éclairer pendant la nuit : agréable et facile. De temps en temps du courant contraire, évidemment, mais surtout encore une mer agitée : nous avons été encore malades… Nous sommes arrivés entre les îles de Bryer et de Tresco vers 11 heures du matin (traversée de 24 heures environ) et avons été surpris par la transition entre la mer et l’archipel. Certes, il faisait beau en mer, mais l’entrée dans un archipel sous le soleil, dans un archipel éclatant de couleurs et d’une grande quiétude malgré la fréquentation touristique était magique. Pourtant nous connaissons l’endroit, pour y avoir mouillé deux fois « quand nous étions jeunes » : nous arrivions déjà en territoire connu, d’autant que la majorité des bateaux à l’ancre étaient français, et que le premier bateau que nous avons vu et auprès duquel nous avons mouillé était un RM 10.50, Chamagui ! Et nous savions aussi qu’un autre RM 10.50, Ovento était aussi dans l’archipel.
Mais il y avait une urgence : nous sommes allés faire la sieste ! Puis une visite sur l’île de Bryer, et des emplacements notés dans le blog de l’association des propriétaires comme favorables à un « beachage » (poser du bateau à marée basse sur la plage) : nous préparons l’avenir… Et apéritif avec l’équipage de Chamagui. L’équipage de Ovento étant beaché sur l’île voisine n’a pas pu nous rejoindre, mais s’est rattrapé le lendemain avant notre départ. La pluie a eu la bonne idée de tomber pendant la nuit, et au matin nous avons pu aller raviver nos souvenirs sur l’île de Tresco, et repérer la côte nord de l’île.
Nous avions presque l’intention de rejoindre Ovento et de beacher à côté de lui, mais les prévisions météo en ont décidé autrement : un coup de vent de Sud (dans le nez, donc) s’annonçait sur l’archipel et le chemin vers la Bretagne pour mercredi matin : nous voulions être rentrés avant. Nous avons donc fixé notre départ à 16 heures le lundi 23 août, de façon à avoir de bonnes chances d’embouquer le chenal du Four avec un courant portant vers le Sud. Nous avons traversé l’archipel à marée haute, toujours sous le soleil et avec des paysages toujours magnifiques, mais avec un vent un peu soutenu : 2 ris et la trinquette nous suffisaient largement. Le vent est d’ailleurs resté soutenu jusqu’à l’aube avec une moyenne de 22 nœuds et des pointes à 26, sur l’arrière, et la mer… très agitée, avec une bonne houle et des vagues plutôt confuses. Compte tenu de notre expérience de la veille, nous avions pris des cachets de Nautamine : nous n’avons pas été malades ! Mais nous ne nous sommes pas non plus sentis en grande forme, plutôt assommés… Heureusement le PA nous a encore surpris par sa capacité à tenir le bateau dans ces conditions agitées. Nous avons traversé les rails anglais de cargos en début de soirée sans même à avoir à adapter notre cap. Pour mieux stabiliser le bateau, nous avons choisi de nous écarter encore du vent arrière, quitte à passer à l’Ouest de Ouessant, plutôt qu’à l’Est : adieu à notre escale à Camaret… En revanche, notre vitesse à augmenté, et nous avons la vitesse de 12 nœuds pour la première fois. Autre première : la traversée des rails français des cargos de nuit. Le trafic y est nettement plus important, mais l’AIS nous a rendu les décisions plus faciles. En général, sa portée nous permet de voir 3 cargos arrivant l’un derrière l’autre, et dont nous devons croiser la route perpendiculairement : le premier passe évidemment devant nous et le troisième passe évidemment derrière nous. Pour le second, c’est plus corsé : un porte containers a fait une correction de route de 10° pour nous laisser passer, un autre a au contraire choisi d’incurver sa route quitte à nous couper la nôtre : le suspens a duré jusqu’au dernier moment et nous avons dû rentrer le génois pour le laisser passer, à très petite distance…
Au petit matin, nous passions à l’Ouest de Ouessant, avec des vents nettement plus faibles. Les courants de marée nous étaient bien favorables, mais ne le seraient pas jusqu’au passage du Raz de Sein, plus au Sud. Une escale au Cap de la Chèvre (Pointe de la Bretagne) serait nécessaire ?? La mer s’est calmée, les coefficients de marée ne sont pas trop élevés, le courant contraire nous portera vers le Nord, mais le vent sera d’Ouest : nous évitons la situation détestable du « vent contre courant » : nous décidons de tenter de forcer le passage, tout en sachant que cela prendra un certain temps.
Jusqu’à midi et l’arrivée à la hauteur du phare de Tévennec, tout va bien : le courant est contraire, mais relativement faible. Mais comme prévu la situation devient plus tendue entre Tévennec et les phares de La Vieille et de La Plate : jusqu’à 4 nœuds de courant contraire. De plus, l’un des effets du courant est de nous « voler » notre vent, qui semble diminuer. Nous avons beau mettre le moteur et le faire tourner à un bon régime, nous piétinons. En plus des « marmites » et des vaguelettes en tous sens levées par le courant, quelques grosses vagues nous arrivent de l’arrière et certaines font mine de déferler. Nous mettons les gilets de sauvetage et nous attachons. Mais cela ne va pas plus loin : tout à coup, le paysage recommence à défiler, d’abord lentement, puis plus rapidement : nous sommes passés ! Le courant sera encore défavorable pendant une bonne dizaine de miles, mais de moins à moins intense.
A 16 heures, le vent est très faible et de travers. Nous décidons de monter le spi asymétrique. Mal rangé après la dernière utilisation, il nous donne un peu de fil à retordre, mais joue son rôle pendant près de deux heures. La Bretagne a bien fait les choses pour notre retour : le soleil est là, au point que nous ressortons les casquettes que nous n’avions plus utilisées depuis la Norvège ! Nous allons à presque 5 nœuds sous spi sur une mer calme, et… un banc de marsouins nous rejoint. Ils sont sans doute plusieurs dizaines, car rien qu’autour de la proue nous en comptant une dizaine, et d’autres nagent ou sautent tout autour du bateau. La mer grouille de vie. Nous devons suivre le déplacement d’un banc de poissons, car les oiseaux de mer sont proches et s’activent à plonger pour pêcher : les marsouins restent avec nous un petit quart d’heure. Nous avons le temps de remarquer celui qui frappe la mer de sa queue avant de replonger sous l’eau, celui qui a des cicatrices sur le dos, ceux qui nous montrent leur ventre clair pour surveiller l’étrave d’un regard de côté, ceux qui bousculent leurs congénères pour prendre la « meilleure » place à l’étrave… Encore un moment magique !
A 18 heures, le vent est tombé, et les derniers miles se feront au moteur.
A 23 heures, heure anglaise (minuit, heure française), nous sommes amarrés à notre port d’attache, Port-la-Forêt. 31 heures de traversée, plus de 200 miles, c’est bon de rentrer… et de dormir…

Notre dernière entrée dans ce blog se fera dans quelques jours, sous forme d’un bilan. D’ores et déjà, nous remercions nos fidèles (et même occasionnels) lecteurs !

Aspects techniques
  • Excellent comportement du pilote automatique Raymarine ST 6002 qui se comporte comme un véritable 3ème membre d’équipage. Réglage : sensibilité 2, gain 5. Consommation de l’ordre de 2A/h dans ces conditions. Même par mer forte sur l’arrière, le PA rattrape rapidement et évite les empannages. Il a même rattrapé un départ au lof. Il faut l’aider en équilibrant sérieusement le bateau et en gardant suffisamment de toile sur l’avant. Nous avions 2 ris, la trinquette et le génois. Rail complètement sous le vent.
  • Même par vent faible (8 à 10 kt de travers), faible coefficient (76) et houle modérée (1,5m), le passage du raz de Sein n’est jamais gratuit. Une vague a fini de déferler sur l’extrémité arrière. L’aide d’un bon moteur est appréciée.




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mercredi 18 août 2010

La côte Est de l’Irlande

Nous n’avons pas vu grand’ chose de l’Irlande cette année : notre objectif était de descendre au plus vite vers le Sud, nous ferons sans doute mieux l’an prochain !
Notre intention était de rentrer via l’Angleterre et le Pays de Galle, et nous n’étions absolument pas préparés pour cette venue en Irlande. Nous avions quand même un guide Imray sur l’Irish Sea.
Nos impressions sont donc tout-à-fait superficielles : la côte est assez linéaire, avec très peu d’îles, un peu montagneuse au Nord, plutôt basse au Sud. Le mouillage forain est donc s ans grand intérêt, d’autant que la mer est toujours travaillée par les courants de marée. La seule nuit que nous ayons passée dans un mouillage forain, sur l’île de Lambay au large de Dublin a été agitée par un méchant clapot alors que nous étions parfaitement abrités du vent et que les jours précédents avaient été fort calmes… Donc, pour bien dormir, il faut aller au port !
Les ports ne sont pas très nombreux, mais les 3 que nous avons utilisés étaient accessibles à toutes les heures de la marée et très accueillants. D’abord Ardglass, au sud de Belfast, puis Arklow bien au Sud de Dublin et Kilmore Quay à la pointe Sud-est de l’Irlande. Dans les 3 cas de bons services, des maîtres de port présents et qui jouent leur rôle dans de petites villes où nous nous sommes sentis bien !
Question navigation, nous voulions avancer, et nous avons avancé : 220 nautiques en 4 journées. Les deux premières un peu ennuyeuse : le temps était anticyclonique et le vent faible, le moteur a donc tenu une place prépondérante… Les deux dernières journées ont été magnifiques : vent portant le plus souvent et d’une intensité maniable qui nous a même permis de trouver une utilité à notre spi asymétrique ! Certes, il n’a pas fallu rechigner aux changements de voilures car le vent varie assez fortement, et sans prévenir. Mais au résultat, nous avons fait des pointes jusqu’à 9,5 nœuds sur le sol, le courant aidant. Parce que les courants de marée constituent un souci constant,, comme en Bretagne Nord. En vives eaux ils vont couramment jusqu’à 4 nœuds : autant les avoir avec soi, quitte à partir de bon matin ou à faire une petite sieste en milieu de journée !
Autre souci plus au Sud : des bancs de sable. Nous avions un priori très défavorable compte tenu de notre expérience du Nord de la France aux Pays-Bas l’an dernier, mais il y a ici une différence de taille : les vents dominants sont perpendiculaires à la côte. Nous n’avons pas eu à tirer des bords entre deux bancs, simplement à les longer, avec bien sûr, une grande attention à la navigation. Pour arriver à Kilmore Quay, nous en avons même traversé un, de nuit, mais bien balisé à Saint-Patrick’s Bridge. Impressionnant, mais sans problème par bon vent.
Et nous avons vu beaucoup d’animaux. Des oiseaux : l’île de Lamblay est un refuge et elle grouille de vie ; la surface de la mer s’avère couverte de guillemots et autre razorbill qui plongent quand nous passons trop près d’eux. Et les phoques ! Nous avons vu un premier dans le port de Ardglass se prélassant au milieu des bateaux, et nous étions surpris car nous étions les seuls à nous y intéresser. Nous avons eu un début de réponse en quittant le port le lendemain : une colonie était établie juste à la sortie du port… De même à Kilmore Quay où un phoque s’est apparemment établit près de la jeté, mange les poissons que les enfants lui jettent… Plus ceux que nous avons aperçu en route.
Côté émotions, nous avons pris un casier de pêcheur dans nos quilles alors que nous allions bon train, mais bon, après nous avoir nettement ralenti, il a cédé et nous sommes repartis de plus belle !
Nous sommes donc depuis 23H30 hier soir (mardi 17 août) à Kilmore Quay, bien à l’abri. Un vent de 25 nœuds soufflent, mais sous le soleil : nous profitons un maximum de la petite station balnéaire ! Dès que le temps sera favorable, nous nous dirigerons vers les îles Scilly au Sud-Ouest de la Cornouaille britannique puis vers la Bretagne.




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mardi 17 août 2010

Canal de Crinan et Kintyre

Mercredi 11 août, nous nous réveillons après une bonne nuit (mais très arrosée) face à l’entrée du canal de Crinan. Le vent est tombé au cours de la nuit, et nous levons l’ancre dès 8 heures pour entrer dans la première écluse avant que le vent ne reprenne et soulève une mer qui nous en empêche (cf. l’expérience de la veille…). Cette fois-ci, pas de problème et à 10 heures, nous avons passé 2 écluses et nous nous amarrons sur un ponton qui donne accès à un observatoire d’oiseaux. Le calme !
La construction de ce canal a démarré à la fin du XVIII° siècle : il est plus ancien que les canaux que nous avons empruntés jusqu’alors. Il est aussi plus court : à peine 10 nautiques ! Mais il permet d’éviter la navigation autour de la presqu’île de Kintyre (qu’il traverse) : le Mull de Kintyre, chanté par Paul Mc Cartney est un raz qui a fort méchante réputation, brassé par les courants de marée de la mer du Nord qui passe entre l’Irlande et l’Ecosse à cet endroit. Le choix entre le tour de la péninsule et le canal semble donc vite fait, mais à la réflexion…
Le canal est entièrement artificiel, il comprend à ses deux extrémités des sea-locks (écluses qui permettent la séparation avec la mer) et 14 écluses intérieures. Les écluses sont petites et surtout étroites : la plus étroite ne fait pas beaucoup plus de 6 m de large, alors que le maitre bau de PikouRous est de 4 m sans les indispensables pare-battages). Et surtout, leur opération est demeurée manuelle, et à part les 2 sea-locks et 3 écluses jumelées avec des ponts qui sont mises en œuvre par des professionnels, il revient aux navigateurs de les manœuvrer !
Et c’est du boulot… Remplir la première écluse, ouvrir les portes arrière, faire entrer les bateaux et les amarrer, vider l’écluse, ouvrir les portes avant, aller à la deuxième écluse, la remplir, ouvrir les portes arrière, lâcher les amarres des bateaux dans la première écluse, faire entrer les bateaux dans la deuxième écluse et les amarrer, aller à la première écluse et fermer les portes avant, etc… Et les portes ne sont pas d’un maniement très aisé. L’objectif est donc de disposer d’un équipage plein de muscles (c’est râté pour nous) et/ou d’entasser le plus de bateaux possible dans les écluses (qui sont petites) pour rassembler les muscles de plusieurs équipages (mais s’ils sont aussi pauvre en muscles que vous…). Nous avons tout tenté, mais au résultat après la manœuvre de 7 ou 8 écluses nous étions épuisés, et avons apprécié notre soirée au calme sur un ponton du canal. D’autant que le vent s’était relevé et poussait fortement les bateaux dans le canal (pas grave, on pouvait avancer à 3 nœuds sans moteur !) mais aussi dans les écluses : Daniel devait manœuvrer seul sur le bateau puisque Danièle manœuvrait les écluses, et entrait avec le moteur en marche arrière… Et puis la dernière écluse de cette première journée nous a valu quelques émotions supplémentaires. Le bateau était amarré avec des amarres passées en double autour des crochets prévus à cet effet, et l’écluse se vidait. Danièle était à bord, et s’aperçoit que le morceau de l’amarre arrière qui devrait être libre pour permettre la descente du bateau est coincé sous l’autre morceau : le bord des écluses est usé par l’utilisation de milliers d’amarres toujours au même endroit, ce qui peut conduire à ce genre de situation. Le morceau d’amarre qui est au-dessus est tendue comme un arc et empêche l’autre morceau de glisser : l’eau descend dans l’écluse, mais pas le bateau qui est pendu, et l’eau continue à descendre… C’est la fin de la journée, tous les équipages sont sur leur bateau et nos appels à arrêter le flux d’eau sont vains (Ah ! s’il y avait un éclusier…). Seule solution, le skipper s’empare d’un couteau de cuisine et tranche l’amarre : elle est si tendue que c’est rapide, et l’arrière du bateau retombe à la surface de l’eau de 15 ou 20 cm.
Certes, nous avons une nouvelle vérifié la solidité du bateau et cette fois-ci de ses chaumards,, mais nous nous serions passé de cette expérience ! Structurellement, aucun problème, mais la peinture a un peu frotté contre le mur de l’écluse. Après les 52 écluses du Göta Kanal, les 5 du Trollhatan Kanal, les 29 du canal calédonien, cela fait rager ! Mais, ce n’est pas grave…
D’ailleurs, il est temps de remercier de nouveau Karl Gustav, qui nous a donné les planches que nous avons utilisées pour protéger le bateau dans toutes ces écluses !
Et les paysages sont superbes, le chenal étroit et sinueux, avec une faune dense (des oiseaux aux chevreuils) et une flore de toutes les couleurs. Bon, avec un peu plus de soleil, ce serait encore mieux… Nous avons même été voir un site de rochers gravés de cercles concentriques il y a 5000 ans par des hommes de l’âge de pierre, du temps où il n’y avait pas de canal donc pas d’écluse à manœuvrer dans la région…
Jeudi 12 : 4 écluses à passer, dont 2 à manœuvrer seuls : il nous faut un certain temps. Et nous voilà de retour sur mer en tout début d’après-midi. J’ai bien sûr pris la peine de regarder les horaires de la marée, au port de référence que j’utilise depuis plusieurs jours : nous devrions être à marée basse, mais il nous semble qu’il y a beaucoup d’eau… re-calcul, comparaison avec les prédictions de notre logiciel de navigation : il y a un hic… Il nous faudra bien deux heures pour réconcilier tous les éléments : en fait si la longueur du canal n’est que de 10 miles par la terre, la marée est totalement différente d’une entrée à l’autre (5 heures) : quand la mer est haute d’un côté, elle est pratiquement basse de l’autre, et il est impératif de lire les horaires de marée du port de référence adéquat…
Pas grave, le soleil était avec nous, le vent était portant et nous avancions bien, alors plutôt que de nous arrêter à Tarbert, que des navigateurs nous avaient recommandé, nous décidons de profiter des bonnes conditions pour aller un peu plus au Sud. Nous savons en effet que la côte sera ensuite peu accueillante, et n’offrant que de rares abris : tout ce qui est gagné vers le Sud est bon à prendre !
Nous traversons le Kilbrannan avec un courant favorable de plus de 2 nœuds ; en fin d’après-midi, le vent force un peu (rafales à 22 nœuds) et nous naviguons au portant entre 8 et 9 noeuds : facile et agréable. Nous nos rapprochons de la terre, et expérimentons alors les « squalls » dont nous avons beaucoup entendu parler. Les reliefs élevés n’arrêtent pas les vents forts qui sont au contraire accélérés, passent au-dessus de ces reliefs pour redescendre des sommets vers la mer avec force. Notre vent en fin de soirée varie en intensité entre 3 et 20 nœuds et en direction sur 30 degrés et de façon répétée et violente : impressionnant ! Le courant nous est défavorable maintenant et nous arrivons au port de Campbeltown au Sud-Est de la péninsule de Kintyre dans des conditions très éloignées de l’entrée dans un port protégé de cez nous… L’amarrage au ponton promet… Heureusement, deux Irlandais sortent de leur voilier et nous prêtent main forte, et tout se passe au mieux !
Bryan et Joe viendront d’ailleurs dans la soirée sur PikouRous avec Mickael le fils de Bryan et… une bouteille de vin rouge français : nous avions avoué que nous n’avions plus que du vin étranger à leur offrir… Ils ont planifié leur retour en Irlande pour le lendemain, vendredi 13 août, et nous en profitons pour leur demander conseil sur les itinéraires possibles vers le Sud. Leur recommandation est formelle : la côte anglaise / galloise est très difficile : courants de marée violents, bancs de sable, entrée dans les ports difficiles par vent fort ou réduite en temps par la hauteur d’eau… Même avec un peu de toutes ces difficultés, la côte irlandaise demeure bien plus aisée.
De plus, deux choses sont certaines : la prochaine étape sera au minimum de 70 nautiques, sans escale possible et pour profiter des courants favorables entre Ecosse et Irlande il faudra partir au petit matin.
Nous décidons donc de nous accorder la journée du vendredi pour faire les pleins, relire les guides de navigation !
D’ailleurs, Campbeltown offre tous les services nécessaires et serait même un point de départ bien pratique pour des visites dans la région du Kintyre, apparemment très riche… si nous en avions encore le temps.

Aspects techniques
  • Dans le passage des écluses descendantes, il est important de bien faire passer les amarres de façon à ce que elles ne se coincent pas. Pour cela, le bout libre de l'amarre (que vos tenez en main) doit passer au dessus du bout de l'amarre qui passe dans le dispositif d'amarrage sur le quai et qui est reliée au bateau.
  • Dans les écluses, toujours prévoir un couteau rapidement accessible pour trancher les amarres si nécessaire.
  • Attention à l'utilisation du Spinnaker dans les Fjords ou les Lochs. le vent peut varier brutalement en intensité et en direction.
  • En Grande Bretagne, le courants de marées sont souvent référencés par rapport aux horaires de marées de Douvres (même au nord de l'Ecosse). Il est donc utiles de se les procurer.




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vendredi 13 août 2010

Aux alentours de Mull

Notre premier objectif sur la côte Ouest de Écosse était l’île de Mull : tout le monde nous l’avait vantée, de même que les îles plus petites qui l’entourent.
Au sortir du canal calédonien, nous mettons donc le cap au Sud-Ouest, et d’ailleurs il n’y a pas d’autre choix car la faille qui a permis le canal se poursuit en mer, avec le Loch Linnhe. Nous ne sommes donc pas dépaysés : mêmes montagnes, même orientation, il y a très peu de vent, la mer est aussi calme sue le canal et nous sommes toujours au moteur, et la petite bruine qui a tendance à nous coller aux basquettes est toujours là ! Nous avons fait nos calculs de marée avec soin : nous devrions avoir du courant contre nous, et il nous est favorable. Que demande le peuple ? D’ailleurs, les quelques jours suivants nous confirmeront que les courants prédits sont rarement ceux que nous observons en réalité, mais ils sont relativement faibles dans cette région, et les coefficients de marée sont ridicules pour notre première journée de navigation en mer. Le vent monte à 10 nœuds dans l’après-midi et nous arrivons vers 16h30 vendredi 6 août dans le Loch Corrie (56°40N 5°10W). 6 bouées ont été installées par les propriétaires d’un domaine immense qui comprend cette baie, des fermes agricole et marine, une carrière, des cottages à louer... Une petite étiquette sur la bouée nous révèle que la nuitée sur la bouée est gratuite, mais que le domaine gère une restaurant situé à 200m , et que nous pourrions envisager d’y prendre un repas. Ce restaurant nous a été recommandé : une promenade sur le domaine, la visite du jardin potager dont proviennent les légumes du restaurant et nous vérifions que l’adresse est excellente !
Samedi nous empruntons le Sund of Mull, un chenal qui longe la côte Est de l’île du même nom, et nous permettra de rejoindre la ville principale, Tobermory 56°37N 6°03W). Toujours un paysage montagneux agrémenté comme il se doit de quelques châteaux en ruine, mais avec un peu de soleil, et du vent… dans le nez. Tobermory est un village très typé, avec des maisons aux crépis de toutes les couleurs. Le port comprend une marina toute neuve qui offre un excellent service, même si la houle y créé un peu de ressac. Le soleil est généreux, alors nous prenons notre temps, visitons un des nombreux pubs… La nuit est calme et sous un ciel découvert, « fraîche », et il fait 12°c dans le bateau au lever (rappel : nous sommes au mois d’août)…
Nous aurions souhaité visiter l’île de Coll, un peu au Nord, mais un vent frais est annoncé pour la nuit qui vient de secteur Sud… Nous passons donc Coll et mettons le cap sur l’île de Staffa, en route vers un mouillage au Sud-Ouest de l’île de Mull. Deux heures après notre départ nous naviguons au près à 5 nœuds avec un vent léger, de nouveau dans la grisaille. Daniel voit un aileron remuant mollement à la surface de l’eau : nous rentrons le génois et à petite vitesse, nous nous rapprochons de l’animal, nous lui tournons autour, et lui fait de même. La rencontre dure un peu. Il fait bien 6 mètres de long. C’est un requin pèlerin, qui nage la gueule grande ouverte car il se nourrit du plancton qu’il filtre. Il ne présente donc aucun danger… Cependant, voire de si près une bête de cette taille est impressionnant, et en même temps émouvant. Danièle prend des photos, mais assise sur le pont pour mieux assurer son équilibre ! Un quart d’heure plus tard, deuxième rencontre ! Même manœuvre de voile, le requin est un peu plus petit, et la rencontre plus courte : il plonge et passe sous le bateau. Cinq minutes encore et nous nous faisons surprendre par un requin que nous voyons tard : pas le temps de réduire la toile, le requin plonge et passe sous le bateau, en même temps que Daniel tente de modifier sa trajectoire pour l’éviter : nous sentons que nous sommes entrés en collision, mais mollement : nous espérons que notre requin s’en sort avec une belle bosse… Nous arrivons à l’île de Staffa en milieu d’après-midi. La mer est assez agitée, et il n’est pas question de mouiller. Nous visitons donc le Sud de l’île en bateau : il consiste en colonnes balsamiques et en grottes surprenantes. Et nous repartons pour nous abriter pour la nuit à la pointe Sud-Ouest de Mull, devant le village de Bunessan. Petit village perdu ? Certes, mais avec un hôtel restaurant de bonne classe et très fréquenté : toute la vie locale semble s’y être concentrée. Nous nous attablons aussi, et nous délectons d’un haggis et un morceau de mouton cuisiné à l’anglaise. Comme promis, le vent souffle fort pendant la nuit, mais nous avons confiance en notre mouillage. Et il pleut à verse, comme les deux nuits qui viendront, mais la journée de lundi est belle et ensoleillée. Le vent est aussi tombé, et nous faisons un saut de puce vers l’île de Iona. La houle remue un peu le bateau, mais l’ancrage paraît bon : nous débarquons. Celle-ci est réputée comme le berceau du christianisme en Ecosse : Saint-Colomba (qui a aussi œuvré à Luxeuil) y a créé un centre religieux au VI° siècle qui a eu un énorme retentissement. Le monastère que l’on peut voir aujourd’hui date plutôt du XVI°, mais il demeure très spécial et émouvant. Le village, au-delà de son aspect touristique est magnifique, et si nous avions plus de temps…
Mais il nous faut repartir, les mouillages sont rares sur la côte Sud de l’île de Mull, et par vent de Sud, il n’y en a pas. Nous avons donc du chemin à faire pour rejoindre l’extrémité Sud-Est de lîle et le Loch Spelve qu’on nous a recommandé pour son paysage et sa faune. Nous arrivons à l’entrée du chenal d’accès au Loch vers 20h00, avec un courant contraire, qui ne dépassera pas 1, 5 nœuds heureusement : un demi-heure plus tard nous sommes mouillés tout au Nord du Loch, parfaitement abrité, entouré de montagnes, mais encombré de fermes marines. Mais au coucher du soleil, tout est beau ! Nous avons même aperçu une loutre de mer, et nous en verrons une seconde le lendemain matin. Pas de grasse matinée (pourtant méritée !) mardi : aujourd’hui nous devons négocier le passage de trois chenaux, avec des coefficients de marée de 100… C’est donc la marée qui commande. De plus, les courants de marée dans le Sund of Luign et le Dorus Mor (qui nous emmèneront vers le Sud et l’entrée du canal de Crinan) n’ont pas des durées équilibrées : ils sont pendant 3 bonnes heures favorables pour aller du Nord au Sud, et près de 9 heures favorables aux navires qui se dirigent vers le Nord. Et, de fait, nous n’aurons pas le temps de prendre le dernier chenal avant la renverse des courants : la sortie du chenal du Loch Spelve se passe très rapidement, avec un courant favorable jusqu’à 2 nœuds, sur une mer un peu formée, le passage du Sund de Luign aussi, mais à 11h00, le vent est tombé et la renverse des courants a lieu : nous devons renoncer à poursuivre notre route au Sud. Celà nous permet également d'éviter de se faire engloutir vers l'ouest par les courants du Golf de Corrywrekan que nous observons de loin. Nous nous laissons donc porter vers l’est, sous un grand soleil, vers la baie d’Asknish. Nous y trouvons une bouée avec une étiquette « Royal Estate », qui n’avait visiblement pas été utilisée depuis longtemps, et comme elle nous convenait parfaitement… elle nous a permis de déjeuner (crêpes sans gluten finlandaises) et d’attendre la renverse des courants dans un endroit fort agréable !
A 15h30, forts de notre calcul de marée, nous repartions persuadés d’avoir dans la Dorus Mor des courants favorables. Eh ! bien, non. Nous avions un demi-noeud contraire, mais avec un bon vent, et en sachant que le temps jouait pour nous, nous n’avons pas eu de difficulté. Celle-ci nous attendait en fait à l’entrée du canal : alors que nous avions eu du vent d’Ouest jusqu’à 17 heures, à 17h15, le vent passait Nord-Ouest et levait une mer agitée en travers de l’entrée de l’écluse lorsque nous nous y présentions à 17h15 : impossible d’entrer…
Nous nous sommes réfugiés à l’abri du vent, de l’autre côté de la baie de Crinan, en mouillant notre ancre sans grand espoir : la carte indiquait des fonds de roches… Mais elle nous a semblé bien accrochée, et les vents ont décru en début de nuit : nous avons dormi ! Le matin et l’ancre remontée à bord nous montreront que les fonds étaient de vase, bien gluante et parfaite pour retenir une ancre…
Avec l’espoir que les vents ne re-forceraient pas trop tôt mercredi 11 matin, et nous laisseraient le temps de rentrer dans le canal…

Aspects techniques
  • Comme partout mais c'est encore plus vrai ici, éviter absolument de naviguer vent contre courant surtout quand il atteint 5 à 6 kt ou plus comme dans le Golf de Corrywrekan.




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samedi 7 août 2010

Le canal calédonien

Le canal calédonien permet de traverser l’Ecosse en évitant la côte Nord particulièrement agitée. Il est orienté Sud-Ouest Nord-Est, de Fort William à Inverness, et ressemble fort au Göta Kanal ; Et pour cause : c’est le même ingénieur qui a conçu ces deux canaux au début du XIX° siècle. Nous avons d’ailleurs tenté de négocier le tarif de traversée compte tenu de notre passage récent dans le Göta Kanal…ce fut un échec !
En Ecosse, le canal relie 3 lochs : les lochs Ness, Oich et Lochy. Sur une longueur totale de 96 km, seuls 35 km sont donc artificiels. Les écluses sont plus grandes qu’en Suède et le passage y est plus aisé. Elles sont souvent groupées, et le groupement le plus célèbre, Neptune’s Staircase en comprend 8 sur 29 au total. L’altitude maximale est atteinte sur le loch Oich, à 32 mètres. Il n’y a pratiquement pas de bateaux de passagers sur le canal, en revanche de nombreuses pénichettes sont proposées à la location : la maîtrise approximative des bateaux par les locataires dans les écluses ajoute parfois au spectacle… Le service ne nous a pas paru à la hauteur du service suédois, et les informations relatives difficiles à exploiter. Mais dans cet environnement, on passe !
Car du spectacle, il y en a : le canal suit un glen (rivière écossaise), faille encaissée dans les Highlands. Le plus haut sommet de la Grande Bretagne, le Ben Nevis (1300 m) est ainsi à une dizaine de kilomètres de Neptune’s Staircase. La contre-partie, c’est que les vents sont canalisés : pour le navigateur, soit ils sont arrière, soit debout… Et pour nous, ce fut dans le nez ! Le paysage offre aussi quelques châteaux, et les ballades sont infinies.
Nous sommes entrés dans le canal à Inverness dimanche midi et sommes restés à Sea Port Marina pour nous ré-installer. Lundi nous avons redécouvert le Loch Ness, avec quelques rayons de soleil, et nous sommes mouillés au pied de Urquhart Castle, parce que nous voulions visiter le château (en ruine, mais magnifique) et aussi parce que les fonds très pentus ne permettent guère de mouiller. Alors quand c’est possible, nous en profitons ! Comme nous sommes arrivés à l’heure de fermeture du château au public, nous avons eu la chance d’assister à un mariage dans la chapelle en ruine, avec kilts, sonneur… Bon, nous avons été soupçonnés de vouloir entrer sans payer, et cela ne nous a pas beaucoup plu, mais il s’agit d’une attitude fréquente : on se méfie beaucoup plus de l’autre ici que dans les pays scandinaves, et nous l’avions oublié… Les accès aux pontons des marinas sont par exemple systématiquement fermés à clé.
A côté de Urquhart Castle, il y a la petite ville de Drumnadrochit, qui vous vend tout ce que vous voulez aux couleurs du monstre, Nessie. Nous, nous ne l’avons pas vu…
Mardi, le vent avait un peu forci, le loch était tout blanc et le bateau tapait un peu dans les vagues courtes : notre vitesse plafonnait à 4 nœuds. Nous avons tout de même réussi à atteindre Laggan, une étape à mi parcours, sympa. D’autant que nous avons réussi à utiliser une connexion Internet non protégée : la couverture du réseau anglais pour la clé 3 G que nous avons acquise est catastrophique, et pratiquement inutilisable sur notre parcours, en-dehors des villes. Beaucoup de spectateurs autour des écluses de Cullory, dont plusieurs familles françaises !
La journée de mercredi a été la plus belle, question paysages : le Loch Lochy est au aussi profond que le Loch Ness, mais les montagnes qui l’entourent sont plus hautes et plus pentues, plus « dramatic » comme disent les Ecossais ! Question temps, c’est moins bien, gris et « humide ». A la fin de la journée, nous étions à peine à un kilomètre de la sortie du canal, juste au-dessus de Neptune’s Staircase, et il nous restait 11 écluses à passer. Nous nous y sommes installés pour deux nuits, ce qui nous a permis de rejoindre Jeudi le pied du Ben Nevis en bus, et de l’escalader jusqu’à mi-pente : le sommet est pratiquement toujours dans les nuages venus de l’Atlantique, et Fort William à ses pieds est réputée pour recevoir 300 jours par an la pluie ! Alors, même quand il fait 16° c au pied (20 m d’altitude), il fait juste 10° à 600 m, et en moyenne 5° au sommet, avec vent et pluie : A la 4° averse, 650 m d’altitude, après un pique-nique arrosé, nous sommes redescendus ! Mais nous avons eu le temps d’admirer le paysage, somptueux.
Et vendredi, nous descendions notre escalier d’écluses, en répondant aux questions d’un car de touristes italiens. Dernières courses avant de passer l’écluse qui donne sur le Loch Linnhe, en mer et conversation fructueuse avec un navigateur local qui nous a commenté le guide de navigation et recommandé certaines escales.
Nous sommes en route pour l’île de Mull (à prononcer meulle, et non mule comme Daniel).




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mercredi 28 juillet 2010

Une semaine sans bateau

Patrick et sa bande ont donc envahi le bateau samedi 24 août… Mais nous devons avouer que nous n’étions pas fâchés de retrouver la terre ferme après deux bons mois sur l’eau.
D’après leur relation de leur semaine à bord et les traces qu’ils nous ont laissées sur le livre de bord, il apparaît qu’ils en ont pleinement profité. Une escale à l’île de May à l’embouchure du Forth of Firth leur a permis d’approcher de très près toutes sortes d’oiseaux, dont de nombreux macareux ainsi que des phoques, peut-être des loutres. Ils ont goûté à la navigation de nuit, accompagnés par des dauphins, au mal de mer pour certaine et à la grande intimité que permet le bateau ! Ils ont découvert de tout petits ports, Banff et Lybster où ils ont été accueillis comme des rois, se sont vus offrir crabes et maquereaux et ont pêché des lieus jaunes à ne plus savoir les manger. Ils ont apparemment fait de « gros apéros » suivis de décollage au petit matin pour profiter de la marée. Ils ont tenté d’entrer au port de Helmsdale trop tard par rapport à la marée et se sont fait peur sur des cailloux avant d’atterrir à Port Mahomack.
Ils ont donc rempli leurs objectifs en arrivant vendredi soir à Inverness sans trop abîmer le bateau et en se faisant plaisir. Le bateau était même plutôt propre ! Ils avaient cependant de petits yeux samedi soir, et même dimanche matin en reprenant la route de l’aéroport Édimbourg. Les soirées à Inverness semblent fort intéressantes !
Peut-être nous en diront-ils plus sur ce blog lorsqu’ils seront reposés ??
Pendant ce temps-là nous avons sillonné le Nord-Est de l’Ecosse avec la voiture que l’équipage de PikouRous avait gracieusement mise à notre disposition. Édimbourg et Inverness comme points de départ et d’arrivée, les châteaux de Édimbourg, de Blair près de Pitlochry, de Scone au Nord de Perth, de Sainclair (en ruine) à côté de Wick ; nous avons marché dans le Highlands : au Sud, près de Blairgowrie et au Ben Mac Dui près du CairnGorm : à chaque fois 600 m de dénivelé, mais avec un sommet bien plus élevé au Ben Mac Dui, et donc plus de brouillard, de la neige et un froid de canard. Nous sommes allés étudier les courants de marée entre la pointe Nord de l’Ecosse Donnet Head
et les Orcades (le Penland Firth qui est à la jonction de la Mer du Nord et de l’Océan atlantique accueille des courants de marée allant jusqu’à 16 nœuds !...), et reconnaître les Orcades qui de près nous ont paru plus hospitalières que ce que nous pensions, et pourraient être un objectif pour une prochaine navigation ?
Nous avons vu des témoins datant de 5000 ans (un village aux Orcades), des hommes de l’âge de pierres (cercle de pierres dressées…), du temps des Pictes et des vikings norvégiens, de la période des «Clearances» au cours de laquelle les paysans ont été chassés des terres des Highlands par les seigneurs locaux au profit des moutons, des deux dernières guerres mondiales à Scapa Flow aux Orcades. Nous avons rencontré des gens accueillants, en particulier dans les Bed & Breakfast qui nous ont accueillis.
Et nous avons crevé un pneu : ce n’est rien de conduire à gauche, conduire avec le volant à droite est encore plus déroutant. Le cerveau ramène sans cesse la voiture dans son référentiel habituel, c'est-à-dire trop sur la gauche. C’est comme cela que nous avons rencontré un morceau de trottoir…et crevé notre pneu.
Il nous a fallu une grande partie de la journée de dimanche pour réinvestir le bateau, faire les pleins, et lundi matin nous nous présentions à l’entrée du canal calédonien.




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vendredi 23 juillet 2010

De Stavanger à Edinbourg

Bon, nous ne sommes pas partis de Stavanger, mais de Tananger, un petit port situé à 20 km au Sud-Ouest de Stavanger. Et nous ne sommes pas arrivés à Edimbourg mais à Methil sur la côte Nord de l’estuaire de la rivière Forth (Firth of Forth). Mais sur plus de 300 nautiques, cela n’est qu’un détail !
L’avion de Patrick s’est posé près de Stavanger vers 14h45 le lundi 19 juillet. Il arrivait en direct de Carhaix et du festival des vieilles charrues, sans passer par la case maison et lit. Nous avons donc été généreux et lui avons donné le temps d’une douche et d’une sieste... Ce n’est pas mal, compte-tenu du fait que la fenêtre météo était favorable pour la traversée…
Et nous nous sommes amarrés à Methil jeudi 22 juillet à 04h45 : 374 nautiques (pour une distance en direct de 330 nautiques), 59 heures en 3 nuits et deux journées plus tard.
Entre temps…
La météo annonçait un vent favorable, mais des conditions… humides : bien vu ! Nous avons eu un vent du Sud pendant 24 heures, pour un cap 250 : sympa. Nous avons même eu le temps de fêter l’anniversaire de Patrick avec du renne et un gâteau au chocolat pour le premier dîner. Puis, le vent a forci un peu, et la mer nous a ballotés pendant la nuit… Certains n’ont pas bien supporté, voire pas bien du tout pour Daniel qui n’a pas profité longtemps de son dîner… Mais rien à dire côté navigation : avec la trinquette, puis 1 ris à partir de 4 heures du matin nous avancions entre 6 et 8 nœuds.
Au matin, les batteries de servitude qui nous avaient vaillamment soutenues pendant la nuit, avaient besoin d’un coup de pouce ; le vent était retombé à 12 nœuds : nous avons mis le poisson (l’hydro-générateur) à l’eau. Non seulement il nous a fourni l’énergie nécessaire à la bonne marche de l’électronique, mais il nous permis de recharger les batteries de 71% à 78 % au cours de la journée : satisfaisant !
Mardi en soirée, le vent tombait, et nous mettions le moteur (d’ailleurs plus efficace pour la recharge des batteries !), et la stabilité du bateau nous a permis une petite toilette et un dîner convenable. En effet, à midi, personne n’avait faim ???
Sur le coup de minuit Patrick, dont c’était le quart, nous réveille brutalement : un bateau de 60 mètres de long (dixit l’AIS), avec phare braqué sur nous … nous poursuit !
En fait, la visite du musée du pétrole à Stavanger nous avait tant impressionnés que nous souhaitions voir des plateformes pendant notre traversée. Nous en avions aperçue une vers midi, mais de loin, avec une mauvaise visibilité et étions restés sur notre faim. Alors, lorsque nous avons repérés sur la carte une zone avec plusieurs plateformes sur notre route, nous avions décidé de nous approcher « un peu » : 2 nautiques environ.
Depuis 18 heures un brouillard plus ou moins épais s’était installé, il faisait nuit, et visiblement notre route a effrayé les responsables de l’exploitation de la zone. D’autant que la plateforme la plus éloignée de la Norvège est petite et peu éclairée en comparaison des autres : ils avaient peur que nous ne la voyions pas. De notre côté, en étudiant la carte et laissant 2 nautiques d’écart, nous ne voyions aucun danger, et n’avions donc pas mis en route la radio VHF.
Ce que nous faisons quand le phare du bateau nous prend dans son faisceau ! Effectivement nous sommes contactés par les autorités qui nous demandent notre identité, destination… et nous expliquent leurs inquiétudes. Tout se finit bien, avec un sermon sur la nécessité d’écouter le canal 16 sur la radio, la mise en demeure de ne pas approcher la dernière plateforme, et des excuses de notre part. Mais le bateau que nous observons grâce à notre AIS restera une bonne demi-heure positionné entre la plateforme en question et PikouRous, le temps que nous nous éloignions…
C’est vrai que cette traversée manquait un peu de piment !
Mercredi au petit matin, c’est Daniel qui est de quart (toujours malade). Il voit par deux fois des dauphins venir jouer avec le bateau. Il paraît qu’il nous appelle, tape des mains pour jouer avec les animaux… Mais que ni Patrick ni Danièle n’entendent rien et dorment du sommeil des justes. Il faut dire que la première nuit a été blanche pour tout le monde : l’environnement n’incite pas au sommeil, mais la fatigue s’accumulant, on s’adapte !
Et à 6 heures nous coupons enfin le moteur qui tourne depuis 12 heures : le vent se lève, et de secteur Nord-Est, donc nous sommes au portant. Et comme la mer grossit, nous décidons de faire des bords de vent arrière. La brume est toujours là. Le vent va au cours de la journée s’orienter petit à petit vers le Nord, et nous resterons jusqu’à notre entrée dans le Firth of Forth sur le même bord, en suivant le vent. A la fin de l’après-midi, la force du vent est supérieure à 20 nœuds et s’établit parfois à 26 nœuds. Un ris, la trinquette : pas de problème. L’état de la mer en revanche redevient gênant pour certains qui sont de nouveau barbouillés, voire malades…
Ce qui nous contente après des mois de navigation dans les pays scandinaves, c’est la qualité de la prévision de Météo France. Les conditions rencontrées étaient conformes aux deux bulletins que nous avons demandés, un avant notre départ et l’autre mercredi matin par liaison satellite.
Nous sommes accompagnés par les fous de Bassan. Nous avons remis le « poisson » à l’eau, et malgré cela nous atteignons 9,5 nœuds en début d’après-midi, puis 10,5 nœuds.
Nous apercevons la terre (Au Sud de Peterhead) vers 19 heures, alors que nous la longeons à quelques nautiques depuis quelques heures, mais la visibilité n’est toujours pas fameuse, et l’humidité a envahi le bateau, jusqu’au fond des couchettes…
Patrick s’offre un plaisir en fin de soirée et ajoute le génois à la trinquette par 25 à 27 nœuds de vent : tenir le bateau n’est alors pas un mince affaire, mais nous naviguons avec une vitesse comprise entre 9 et 11 nœuds : une première pour PikouRous !
Vers une heure du matin jeudi, nous entrons dans l’estuaire de la rivière Forth. Peu à peu la rive Nord nous protège du vent, et surtout des vagues. Notre vent diminue, nous enlevons le ris, puis naviguons au moteur pour les deux dernières heures.
Après maintes lectures de notre guide nautique Imray et discussions, nous avons choisi le port de Methil comme point d’arrivée, dont le guide ne dit pas grand bien, mais qui est situé sur la côte Nord, donc protégé du vent, et qui est accessible à toutes heures de la marée. En effet, presque tous les ports assèchent sur la côte Est de l’Ecosse. De plus, Edimbourg ne propose pas de marina. En fait la seule marina est située plus au fond de la baie, mais avant le port de tankers : le trafic sur la rivière est important à cet endroit, et ce port, Port Edgar est très mal protégé des vagues créées par ces bateaux : notre guide n’en dit pas grand bien. Arriver de nuit, dans un port mal protégé ou un port qui assèche, cela ne nous dit pas…
L’accès à Methil est très simple. Les infrastructures sont immenses car il fut dock et port important au service des mines de charbon de la région de Fife. Mais les mines ont fermé… Les infrastructures sont plus ou moins laissées à l’abandon, et un « boat club » a obtenu l’autorisation d’utiliser une partie des immenses quais. Pour nous, il n’est pas possible de s’amarrer à un quai que l’on ne peut que deviner, avec une marée qu’on connaît mal. Nous cheminons un peu anxieusement entre les immenses quais, et o bonheur ! En nous approchons des bateaux amarrés-là, nous découvrons un catamaran qui nous permet un amarrage à couple sans problème ! Ouf ! Nous voilà installés pour la fin de nuit. Et si cela ne convient pas aux résidents, ils nous le diront le lendemain, alors que nous serons reposés !
Epilogue : Notre petit matin (midi heure européenne, mais 11 heures seulement heure britannique) se passera en fait très bien. Un phoque nous saluera pour le petit-déjeuner. Nous serons accueillis dans des installations rustiques certes, mais avec beaucoup de chaleur. Un membre du club nous emmènera même en voiture à la ville !
L’Ecosse se présente bien !

Aspects techniques
  • Excellent fonctionnement de l’hydro générateur qui nous a délivré en permanence 5 A/h. Les panneaux solaires seraient dans ces conditions inutiles.
  • Dans une mer formée, le RM 10.50 navigue plus confortablement avec de la voile sur l’avant.
  • La prévision Météo France sous forme de fichier Grib s’est révélée excellente et confirmée par le bulletin marine diffusé par les Coast Guards sur la VHF.
  • Requête des fichiers Grib effectuée par le logiciel Navimail 2 et transmission/réception par Skymail sur réseau Satellitaire Iridium. Il faut attendre quelques minutes pour recevoir les fichiers Grib. Utilisation de la nouvelle fonction « déplacement du navire » sur Navimail 2. Permet d’économiser son forfait météo et Iridium en demandant le juste nécessaire.
  • Visualisation des fichiers Grib sur le système de navigation Noé et Navimail2.




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lundi 19 juillet 2010

Stavanger, la porte des fjords

Après une longue journée au moteur mercredi 14 juillet, nous nous sommes installés pour 5 nuits dans le port de Tananger. Tananger est à une vingtaine de km de Stavanger, elle donne plus directement sur la mer, et c’est une petite ville tranquille. Le port est bien abrité, et les services répondent au besoin : cela nous convenait nettement mieux qu’une grande ville. De plus, Stavanger n’est qu’à 20 mn en bus. Nous avons pu acheter des crevettes (quantité minimum délivrée par personne : 500 grammes, je n’ai pas pu obtenir moins…) et du poisson frais directement auprès des pêcheurs – prix des crevettes : 18 € le kilo ; prix du hareng de près d’un kg : 2,2 € - un régal. Et nous avons profité de voisins fort agréables…Cette grande halte a été d’une rare efficacité : nous nous sommes reposés, Danièle a soigné son coup de froid, nous avons laissé passer la tempête (jusqu’à 40 nœuds de vent en haut du mât dans le port), nous avons fait du tourisme et en avons appris un peu plus sur la Norvège, nous avons fait la vidange du moteur réparé une fuite sur le sail-drive, nous avons fait les pleins et le ménage et préparé dans le calme la traversée vers l’Ecosse, tout en attendant l’arrivée de Patrick : qui dit mieux ? De plus, Göran a profité de la proximité de l’aéroport pour s’en retourner au Nord de Stockholm.
Question tourisme, deux points forts : le Lysefjord et le musée du pétrole. Nous ne voulions pas quitter la Norvège sans avoir visité un « grand » fjord. Lysefjord, près de Stavanger ne fait pas partie des plus grands situés un peu plus au Nord, mais tout de même… Nous ne voulions plus bouger PikouRous et nous savions que les vents dans les fjords peuvent être très violents (nous l’avons vérifié) : la voile n’y est pas très recommandée et l’ancrage très difficile car les fonds sont très importants même au bord (100 m et plus). Nous avons donc pris le ferry à Stavanger : un bateau d’une centaine de places, à l’ambiance familiale, comprenant la visite des petits recoins des parois avec le bateau, l’alimentation des chèvres en bas des pentes vertigineuses, la récupération d’eau des chutes et le partage de cette eau à bord : très sympa. Et le lieu : magnifique ! Ce n’est pas que ce soit très haut (entre 600 et 1000 m d’altitude), ni que la profondeur soit équivalente ; non, le côté impressionnant vient de la verticalité d’une des parois. Le fjord est habité par une colonie de 200 phoques, mais nous n’en avons pas vu : ils sont particulièrement timides…Mais nous n’avions pas l’impression d’avoir tout compris, alors nous y sommes retournés deux jours plus tard, cette fois-ci en ferry + bus + marche. Dénivelé de 500 m en 2 heures, dans des paysages superbes et renouvelés. Fatigant, mais la récompense finale avec vue grandiose sur le fjord et sur un aplomb qui s’avance au-dessus du vide sur quelques dizaines de mètres est inestimable. Je crois que si nous avions le temps, nous y retournerions…
Le musée du pétrole nous a permis de mieux comprendre la ville et le pays. L’histoire de l’extinction de la pêche à la baleine et de la montée en puissance de l’industrie pétrolière avec reconversion d’une partie de la flotte et de l’industrie maritime, l’importance de cette industrie pour le pays, les doutes pour le futur… y sont fort bien expliqués. La nation semble quelque peu obnubilée par cet avenir après l’extinction des puits et préfère parfois économiser les fonds ainsi gagnés que de les investir dans l’infrastructure du pays pour garder du répondant. Et cet état d’esprit transparaît sous différentes formes. La ville dispose aussi d’un silo à grain gigantesque qui permettrait si nécessaire de nourrir le pays pendant 4 mois. Le nombre impressionnants de personnes travaillant sur les plateformes en Mer du Nord permet aussi de comprendre pourquoi la population de Stavanger est si cosmopolite. L’existence de bateaux tels les remorqueurs géants que nous avons rencontrés dans les fjords s’explique aussi, car c’est tout le pays qui participe à la mise en œuvre des plateformes, et les eaux relativement calmes des fjords sont largement utilisées pour les opérations de préparation et de la maintenance des plateformes pétrolières qui peuvent être haute comme deux fois la Tour Eiffel.
Bref, nous avons l’impression de comprendre un peu le pays, et notre appétit a définitivement ouverte : il nous faudra revenir ! En attendant ce jour, nous venons de récupérer notre fils Patrick : une petite sieste, et des conditions de vent favorables se présentant, nous devrions nous lancer dès ce soir (lundi 19 juillet) dans la traversée de la Mer du Nord.Rendez-vous dans une petite semaine, le temps d’arriver, de dormir et de trouver une connexion Internet !



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mercredi 14 juillet 2010

De l’eau dans le gaz… oil, et une truite suicidaire

Quand on est fatigué, on a tendance à faire des bêtises… Samedi 10 juillet, une navigation de près de 40 nautiques nous a menés de la région de Mandal à Farsund, la ville le plus au Sud de la Norvège. La journée s’était un peu allongée du fait que notre guide Imray aussi bien que nos cartes numériques Cmap indiquaient le port avec eau, électricité et tous les services au Nord d’un pont coupant le plan d’eau : lorsque nous nous y sommes présentés, des plaisanciers, charmants par ailleurs, nous expliqué que ce port se trouvait au Sud… Nos réservoirs d’eau étaient quasi-vides depuis le matin : pas question de rester sur un ponton sans service… Nous sommes donc arrivés fatigués, agacés. Et notre dernier séjour dans un mouillage pour plus d’une nuit remontait au 25 juin, à Göteborg. Vu notre grand âge, c’était sans doute trop long… Toujours est-il qu’à l’arrivée au port, alors que nous étions tout contents d’avoir trouvé une source d’eau, c’est le nable de gaz-oil qui s’est trouvé ouvert, et non celui d’eau. La bévue n’a pas duré longtemps : à peine avions-nous versé un litre ou deux d’eau douce dans le réservoir de gaz-oil que nous nous en apercevions. Mais l’eau est nettement plus lourde que le gaz-oil et tombe au fond du réservoir, prête à être aspirée dans le moteur qui n’aime pas ça du tout, mais alors pas du tout !
Samedi soir, dans une petite ville de Norvège… Le shipchandler local était fermé jusqu’à lundi, la station d’essence ne pouvait rien pour nous, et il n’y avait rien d’autre… Nous nous voyions bloqués jusqu’à lundi voire plus, faute de pouvoir utiliser le moteur, et quant à l’addition…
Heureusement, Zorro est arrivé ! Enfin, il a fallu aller le chercher : Göran a erré, désolé, le long des quais et a engagé la conversation avec un sea-rancher, un « éleveur de la mer ». Ce dernier, Tor Kjetil, mène une entreprise de recherche qui a déposé un brevet dans le domaine de la production de petits homards, et met au point sa découverte pour la rendre utilisable par des professionnels de l’élevage et / ou de la pêche en mer. Ce que nous apprendrons plus tard, c’est que sa compagne est française, et que le stagiaire qui le seconde ce soir là, Géry,... aussi. Leur oreille se tend donc à l’exposé des déboires d’un bateau français. Laissant tomber là l’alimentation des bébés homards, ils viennent sur PikouRous nous donner un coup de main. Nous avons pompé par le fond du réservoir une trentaine de litres de gas-oil… et d’eau. Lorsque le tout a eu décanté dans une petite cuve, nous avons pu récupérer une bonne moitié du gas-oil. Ensuite, il a fallu purger le filtre d’eau du moteur et les bulles d'air... Bref, nos Zorros nous ont accordé beaucoup de leur temps et avec une grande gentillesse. Ils s’en sont retournés nourrir leurs homards bien tard, avec les quelques litres de gaz-oil et d’eau dont nous ne savions quoi faire, et notre gratitude, pleine et entière !
Voici le site de leur entreprise : www.aegirhavbruk.no
Fort d’une expérience supplémentaire, et la conscience tranquille, nous avons pu passer une bonne nuit.
Nous étions amarrés à couple, sur un bateau qui partait le lendemain (alors que nous nous accordions une journée de repos). Au moment de rentrer leur annexe, nos voisins y trouvent un poisson ! Après réflexion, nous concluons que cette magnifique truite saumonée s’est suicidée en sautant dans l’annexe. Nos voisins nous la proposent : nous n’hésitons pas ! Pour trois, cela se révèlera un peu léger (dimanche = pas de magasin d’alimentation ouvert, et nos ressources dans le domaine sont au plus bas), mais délicieux.
Nous profitons de notre journée de repos pour aller en car visiter le phare de Lista, à une vingtaine de kilomètres, qui balise une région de fort mauvaise réputation que nous traverserons le lendemain… si possible ! Belle promenade, mer plutôt calme ce jour-là, vent portant : bien ! Bon, pour le trajet retour, nous étions bien au bon endroit à la bonne heure, mais nous nous reposions, et n’avons pas fait signe au chauffeur du car… nous avons dû trouver un chauffeur local pour nous sortir d’embarras… Quand je vous dis que c’est fatigant les vacances !
Heureusement la soirée est agréable, et l’équipage d’un petit voilier suédois vient discuter à bord de l’intérêt d’un aller-retour en Écosse sur quelques jours, et de bien d’autres choses.
Lundi matin, c’est donc après les derniers essais moteur et les courses que nous sommes partis. Et même un peu plus tard car la vidéo de l’ordinateur de bord, qui montrait des signes de faiblesse depuis quelques jours a cessé de fonctionner. Pour lire une carte numérique, c’est un peu gênant… Daniel a tenté quelques manipulations et s’est déclaré vaincu pour la journée : nous sommes partis avec pour outil de navigation l’ordinateur portable qui nous sert de secours. Départ vers midi, face au vent pour 40 nautiques en ligne droite… Dans une région réputée difficile, genre Penmarc’h en Bretagne Sud, c’était ambitieux.
Trop ambitieux même dans un vent correct (en moyenne de 15 à 18 nœuds) mais de face, et après le cap de Lista dans une mer croisée et confuse : grande houle de Sud et vagues nées du vent de Nord-Ouest et de la rencontre du Gulf Stream et des courants locaux. Le bateau tape un peu. Le mal de mer guette, l’équipage n’a pas faim.
Nota : nous sommes 3 à bord, et nous mangeons 3 pains différents : un sans gluten, un sans fruits secs, et un avec un maximum d’ingrédients. Alors, je vous laisse imaginer la confection de 3 sandwiches dans un habitacle qui ressemble au tambour d’une machine à laver…
Nous décidons donc de reporter au lendemain le passage connu pour être houleux, et de nous réfugier au fond d’un fjord à l’Ouest de Farsund et Lista. Rien que le fait de s’éloigner de 10° du vent et tout va mieux !
Nous savons que nous aurons cette même zone et une distance similaire à franchir le lendemain : les bons abris sur ce morceau de côte sont rares, et nous allons nous réfugier tout au fond du fjord, long de plusieurs nautiques. « Notre premier » fjord est magnifique, avec des fonds de 400 mètres et des collines de même « hauteur » : impressionnant. Autant dire qu'il est pratiquement impossible de mouiller une ancre dans ces fjords. Très vert et aussi très rocailleux, habité lorsque le sol s’aplanit. Nous comprenons mieux pourquoi les Norvégiens utilisent tant le bateau à moteur : les résidences secondaires installées sur le flanc du fjord ne sont accessibles qu’en bateau ; pas étonnant que ce dernier soit considéré comme une voiture… Stolsfjord puis celui de Lafjord, longs d’environ 10 nautiques nous conduisent ainsi à la ville de Flekkefjord. Nous trouvons un ponton gratuit pour la nuit, en plein centre ville. Cette dernière semble agréable, mais nous y arrivons tard, et il se met à pleuvoir : les rues sont désertes et nous n’avons que deux envies : dîner et nous coucher ! Le lendemain matin c’est donc sans avoir rien vu, mais sous le soleil, que nous reprenons Lafjord puis Hidrafjord, vers l’Ouest. Toujours magique.
Cmap continue à nous jouer des tours : il nous indique des routes qui barrent les fjords, sans nous donner la hauteur sous les ponts. En fait, lorsque nous nous y présentons, il s’agit de ferrys qui traversent le bras de mer ! Certes ces ferrys, comme en Suède, font partie de l’infrastructure routière, mais tout de même il existe des façons de représenter un ferry différentes d’un pont.
Nous croisons de très nombreux et importants bateaux de pêche. La forme de l’un d’entre eux, échancrée à l’arrière, nous intrigue : s’agirait-il d’un baleinier (les Norvégiens continuent à pêcher la baleine) ?
Plus loin, c’est un petit bateau de pêche côtière que nous croisons, accompagné d’un nuage impressionnant de goélands.
Au sortir du fjord, bonne surprise : la grande houle de Sud a disparu et il ne reste que « les vagues du vent », vent stable au Nord-Ouest mais nettement plus fort que la veille : entre 20 et 27 nœuds. Les vagues sont donc « belles », mais ordonnées. Avec deux ris et la trinquette, ça se fait ! Nous dépassons même les 8 nœuds au près dans les rafales ! Après une navigation de 50 miles dont une bonne partie agitée, nous arrivons fourbus à notre destination : Egresund. Toute la journée, nous avons navigué de concert avec un bateau suédois, que nous croisions de près de temps en temps à l’occasion des changements de bord. C’est un 43 pieds, et nous sommes tout contents de maintenir la même vitesse que lui ! Il fait cependant un choix tactique plus intéressant que le nôtre en arrivant dans le fjord où est implantée Egresund, et c’est son équipage qui nous accueille au ponton… Il fait beau, mais il est tard, notre équipage est salé et n’a que trois idées : se laver, dîner et se coucher. J’ai l’impression de me répéter ?? Ce fjord est à la fois moins profond et moins élevé, les environs de la petite ville d’Egresund sont très industrialisés, mais le port qui nous abrite est agréable, et les services à la hauteur.
Nous ne verrons encore rien de la ville : une journée sans vent est annoncée pour le lendemain, mercredi 14 juillet, un coup de vent est annoncé pour jeudi et vendredi, et nous voulons être à Stavenger avant l’arrivée de Patrick pour visiter un fjord ou deux de la côte Ouest. Donc, nous nous faisons à l’idée d’accomplir la dernière partie de notre navigation en Norvège au moteur… Cette côte est complètement ouverte aux vents dominants, très plate et n’offre aucun abri. Ce sera donc encore une longue journée… sous le soleil. Un voilier belge nous rattrape, et nous souhaite une bonne fête nationale ??? Ah ! Oui : j’ai bien écrit la date dans le cahier de bord, mais sans la lire…
Au bout du compte, nous aurons « abattu » près de 200 nautiques en 5 jours de navigation, et tiendrons notre planning (c’est moins que les Belges que nous venons de croiser, qui sont arrivés directement de Belgique ici en 4 jours !). Mais ce n’est pas la voile telle que nous souhaitons la pratiquer : nous sommes fatigués et n’avons pas profité comme nous l’aurions souhaité des régions traversées.
Nous comptons bien nous rattraper à Stavenger puisque nous disposerons de quelques jours avant l’arrivée de Patrick et la traversée vers l’Ecosse !

Aspects techniques
Mettre de l’eau dans le réservoir de gaz-oil peut arriver. C'est sûrement moins génant que de mettre du gaz-oil dans les réservoirs d'eau douce...
  • Surtout ne pas tenter de faire fonctionner le moteur
  • Ouvrir le réservoir au niveau de la sonde. Repérer l’orientation de cette sonde.
  • Confectionner un outil qui permet d’aller pomper au fond du réservoir car l’eau, plus lourde y sera. Nous avons utilisé le pic à barbecue. Utilisation de la pompe à huile manuelle pour les vidanges. Nous fixons l’extrémité du tuyau d’évacuation sur le pic à barbecue avec des fixes câbles en plastique.
  • Vidange en deux temps d’une vingtaine de litres de carburant et décantation dans un bac translucide. Évaluation du volume d’eau restant.
  • Récupération d’une partie du gaz-oil après décantation dans les bacs.
  • Faire fonctionner le moteur au ralenti accéléré et faire monter en puissance. Contrôler le niveau d’eau dans le bac décanteur et éventuellement purger avec la vis située en dessous du bol de décantation.
  • Purger l’air du bac décanteur en ouvrant le petit écrou de 13 mm dans le haut et faire pomper au niveau du réservoir avec la poire en caoutchouc.
  • Renouveler l’opération si nécessaire, et c’est nécessaire…




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dimanche 11 juillet 2010

Côte Sud Ouest de la Norvège

Cela fait déjà une semaine que nous naviguons sur la côte Ouest de la Norvège! Le temps dans la zone « Skagerak » a été clément pour nous. Certes, les services météo nous ont annoncé un « near gale » (fort coup de vent) pour les 24 heures à venir de chaque journée, qui n’est pas venu. Bon, cela nous a obligés à chercher de très bons abris pour la nuit, allongeant quelquefois nos navigations de façon inutile, mais les conditions de navigation sont restées confortables. Dans le domaine des prévisions météo incohérentes, hier a été un summum : à la radio VHF on nous a avertis d’un coup de vent pour le lendemain ; Göran a contacté un ami norvégien qui a été voir sur Internet : maximum 6 m/s (12 nœuds), et d’une direction complètement différente ! Un peu difficile à gérer…
Question cheminement, comme la côte est protégée par des archipels, nous avons presque toujours le choix entre naviguer à l’abri des îles, ou en « open sea ». Notre choix a tenu compte de deux facteurs :
- la côte est orientée Sud-Ouest / Nord-Est, et les vents dominants sont Sud-Ouest : naviguer dans l’archipel signifie pour nous vent dans le nez et pas de place pour tirer des bords dans les chenaux, donc moteur ;
- certains chenaux sont particulièrement cités pour leur intérêt.
Nous avons donc navigué en open sea (les conditions météo s’y prêtant), sauf lorsque l’archipel était particulièrement renommé.
Et il est vrai que certains chenaux entre les îles sont superbes. Les reliefs sont plus accentués qu’en Suède, et l’on se faufile parfois dans des goulets larges de quelques mètres, dans lesquels deux bateaux ne se croisent pas, avec l’impression de pouvoir toucher les parois verticales de chaque côté. Nous avons en particulier apprécié le chenal de Lyngør au Sud-Ouest de Risør, puis le Tromøysund et surtout Blindleia, le « chenal aveugle », long de 9 nautiques avec des passages particulièrement étroits. Ces endroits sont magnifiques, et à certains endroits, très peuplés par des résidences secondaires. Les maisons coquettes, avec quai privé et bateau amarré devant sont légions. Seules différences avec l’archipel de Stockholm : pas de saunas ! Ils ne font pas partie de la culture norvégienne…
Côté mouillage, que du bon ! Difficile cependant mardi 6 juillet : le vent était particulièrement capricieux en direction et en intensité, et les prévisions météo pour la nuit mauvaises. Nous naviguions dans le chenal de Lyngør, très habité mais plein de recoins susceptibles d’offrir un mouillage. Nous avons bien visité une dizaine d’endroits qui ne nous ont pas paru convenables avant d’arriver tout au fond d’une baie dans la ville de Tvedestrand. Près de trois heures à chercher un mouillage, c’est long !
Mais aucun regret : la ville était typique, à flanc de colline, vivante, le maître de port sympa. Comme Bécherel en Bretagne, la ville s’est spécialisée dans la vente de livres : elle accueille une vingtaine de magasins ! Nous avons même trouvé près d’un de ces magasins une étagère remplie de livres, dont les prix étaient affichés, ouverte à tous après la fermeture du magasin, avec une boîte pour glisser le paiement !
Mercredi, après une navigation en open water et un bon vent (jusqu’à 24 nœuds en rafales), nous avons facilement trouvé refuge auprès de l’île de Maløy au Sud de la ville de Grimstad. En fait, nous évitons un peu les grandes villes, car les Norvégiens n’hésitent pas sur le volume de son dans les bars le long des ports, et nous en avions souffert à Kragerö. Certains nous ont même recommandé d’éviter tous les ports le week-end ! Mais les Norvégiens sont pleins de ressource, côté bruit : nous avons vu passer dans les mouillages à plusieurs reprises des bateaux à moteur avec la sono à fond : comme nous pouvons voir à Paris passer certaines voitures qui « débordent » de son. A Maløy, nous avons surnommé «terroriste en annexe à moteur » un adolescent qui arpentait le mouillage sans arrêt. Les Norvégiens n’intervenant pas, nous n’avons pas osé…
Quand la pluie s’est mise à tomber, le problème s’est résolu.
Jeudi 8 juillet après une grande journée de navigation, partiellement sous la pluie, Nous nous sommes amarrés à un quai de pierres à Skottevika. Il y avait là au moins 3 maisons et une dizaine de petits bateaux à moteurs : nous étions le seul bateau de passage, et aucun service n’était prévu. Un grand calme, une famille sympa, un petit garçon tout étonné d’avoir réussi à pêcher au harpon son premier poisson… Nous avons fait une promenade agréable vers un camping installé dans un superbe endroit, et avons découvert des tombes datant de l’âge de bronze (environ VI° siècle) placées sur les monts face à la mer pour être vues de loin. Un barbecue a clôturé une bonne soirée !
Vendredi 9, nous avons trouvé un abri à l’ancre dans une petite baie sur l’île de Skernøy au Sud-Ouest de Mandal (ville réputée comme particulièrement jolie, et… bruyante le week-end). Encore une île magnifique, très habitée au Nord (pêcheurs et résidences secondaires), et dans laquelle a été instauré un parc naturel au Sud. Un large lagon occupe le centre de l’île, mais l’accès nous en est interdit par un pont de singes d’une hauteur de 12 mètres. Cela met Daniel hors de lui. Il faut dire que ce lagon offre un excellent abri dans un cadre qui ne l’est pas moins. Nous faisons un bon tour à pied, rencontrons moutons et nénuphars, et les restes d’une maison de pierre de l’âge de bronze. De retour au village, nous voyons un panneau indiquant la vente de crabes : nous sommes repartis avec 5 dormeurs, un peu plus petits que les nôtres. Nous les avons cuits : à déguster ce soir !
D’après nos lectures et nos discussions avec les Norvégiens que nous rencontrons, nous croyons comprendre que le bateau roi en Norvège est le bateau à moteur. Pour à peine 5 millions d’habitants, il y aurait environ 500 000 bateaux, dont 80 % à moteur (à comparer avec la Suède où la majorité des bateaux sont des voiliers). L’infrastructure routière est sans doute moins développée et les liaisons de type courses en ville pour la résidence secondaire plus rapides en bateau : le bateau, à moteur, est souvent utilisé come une voiture. De même, les câbles électriques qui coupent des voies d’eau sont beaucoup plus nombreux en Norvège qu’en Suède : les Suédois s’appliquent à faire passer les câbles entre les îles par voie sous-marine, mais cette solution est vraisemblablement plus coûteuse.
Nous nous dirigeons aujourd’hui vers l’Ouest et le cap de Lindesnes qui a une très mauvaise réputation, mais la météo est clémente !



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lundi 5 juillet 2010

Au Nord-Est de la côte norgévienne

La côte Est de la Norvège n’est pas non plus bien longue. Mais tous les Norvégiens avec lesquels nous avons discuté nous ont dit que c’était la plus belle et la plus ensoleillée : la côte des vacances ! Les guides nous disent aussi que c’est là que l’on trouve les conditions de navigation les plus aisées : archipels protecteurs, nombreux abris, quasi pas de marnage, peu de courant… Le plus difficile peut être le vent lorsqu’il faut sortir de l’archipel : quelques caps sont alors difficiles.
Pour cette partie de notre navigation, nous nous étions équipés : guide Imray et quide en Suédois apporté par Göran. Nous avons aussi constaté que les cartes numériques Cmap décrivaient très précisément l’accès dans les mouillages forains : une première pour nous sur ce support ! Nous nous étions aussi fait abondamment commenter le guide par des Norvégiens rencontrés en Suède puis en Norvège. Le premier en particulier était de profession sauveteur en mer, et connaissait « un peu » le terrain ! Nous avions donc de bonnes idées des endroits que nous voulions visiter. D’autant que nous avons le temps de baguenauder un peu sur cette première partie de notre croisière en Norvège car la dernière partie, au Sud et au Sud-Ouest avant Stavenger se fera en deux grandes étapes : la côte est inhospitalière, les vents souvent violents et les abris rares ; la baie d’Audierne en somme. Autant manger notre pain blanc maintenant !
C’est donc relativement tôt que nous avons quitté le port de Strömstad en Suède vendredi 2 juillet pour mettre le Cap à l’Ouest. La frontière avec la Norvège étant très proche des côtes suédoises, Göran s’est appliqué à descende les couleurs suédoises, que PikouRous arboraient depuis plus d’un an, pour monter les couleurs norvégiennes. Ne les cherchez cependant pas sur les photos : le drapeau que nous avons trouvé en France est si petit qu’il faut une très longue vue pour le voir… Nous avons un peu honte…
La météo nous avait promis un petit vent, portant : après quelques miles, nous n’en avions plus du tout… Nous avons tenté le génois, le spi, le moteur (ça, ça marchait !), le spi, et sommes revenus au moteur ! Heureusement, il n’y avait « que » 31 nautiques à parcourir. Navigation sans aucun intérêt donc, sous un soleil de plomb, avec un vague arrière fond d’orage. Mais rien de comparable aux 35° degrés annoncés à Paris !
La navigation est devenue intéressante à l’entrée du mouillage : un phare visible de loin sur la toute petite île de Svenner, qui nous avait-on dit cachait un superbe mouillage. Une entrée très étroite entre des rochers visibles et invisibles… un peu angoissant ! Et puis, la découverte de l’abri : réellement superbe… Je ne sais pas le décrire, mais nous avons fait au mieux avec les photos… Avec des Norvégiens accueillants qui nous ont aidés à choisir une place mouiller à côté d’eux sur un ponton, avec une ancre à l’arrière !
Nota : Ils y avaient aussi intérêt car le mouillage se fait sur les deux rives qui sont à peine distantes de 50 mètres. Comme les ancres arrière se posent au moins 30 mètres avant le mouillage et que les bateaux sont proches les uns des autres, cela signifie que les risques d’entortiller les chaînes de mouillage les unes autour des autres sont grands. Cela arrive apparemment régulièrement dans les mouillages en Suède, et nous avons entendu des histoires où les équipages avaient dû faire appel à des plongeurs pour récupérer leur mouillage, et s’étaient organiser pour se partager la facture !
Nous avons donc été invités à nous amarrer dans un premier temps sans ancre au voilier voisin, puis à aller poser notre ancre tranquillement avec l’annexe. L’eau étant particulièrement claire, il est facile de visualiser toutes les ancres du voisinage… Bref, nous étions solidement amarrés… Cependant, quelques vagues sur le coup de 3 heures du matin ont incités les 3 skippers dont Daniel à ajouter quelques amarres de travers (en Anglais « spring ») pour permettre aux trois bateaux de mieux résister au vent de travers. Celui-ci s’est d’ailleurs rapidement apaisé…
Nota : imaginez dans cet abri 50 bateaux : c’est ce qu’ont déjà observé nos voisins ! On comprend mieux pourquoi le mouillage est organisé pour permettre à des bateaux de se « garer » contre les rochers, sans ancre, mais avec des amarres passées à l’avant et à l’arrière dans des pitons fixés sur les rochers. Nous avons observé de près ce type de mouillage et conclu qu’il ne nous convenait pas du tout…
Une ballade vespérale d’une centaine de mètres pour traverser l’île et nous nous baignions tous les trois : c’est dire que la température de l’eau est au moins de 20° ! Le phare est automatisé, mais en cours de remise en état : impossible de le visiter, dommage…
Samedi s’est levé dans un brouillard épais et sans aucun vent : grasse matinée, promenade/escalade de rocher en rocher, ramassage de coquillage… Vers 15 heures, le brouillard se lève un peu et nous décidons d’une courte navigation, encore au moteur vers un autre endroit idyllique qu’on nous a dépeint. D’ailleurs, il s’appelle en norvégien Jordsbukta, le petit paradis ! Et il porte bien son nom ! Les habitués nous recommandent un endroit pour nous abriter… contre un rocher… Nous avons tellement dit que ce n’était pas une bonne forme de mouillage… mais il faut tout essayer et il n’y a que les ânes qui ne changent pas d’avis ! Nous tentons d’attraper simultanément les anneaux avant et arrière, mais notre bateau est un peu ventru : ce n’est pas la bonne solution ! D’autant que le rocher en question est quasi vertical et qu’il n’est pas question de débarquer par là pour aider à l’amarrage ! Après utilisation de nos deux crocs, d’un peu de marche arrière, de nombreux pare-battage pour protéger la coque du rocher nous calons le bateau. Mais le passage d’une annexe à moteur à grande vitesse crée une vague qui nous montre qu’une de nos quilles ne sont sans doute pas loin d’un caillou : nous avançons le bateau d’un mètre sur ses amarres, et découvrons tout l’intérêt de ce type d’amarrage, dans de bonnes conditions… Un vent violent se lève, que nous ne sentons pratiquement pas, blottis contre notre rocher. La pluie s’y met aussi, et nous remettons au lendemain l’escalade du sommet surplombant le mouillage : 150 m. La nuit est parfaitement calme dans notre nid, et l’escalade un peu raide nous donne une belle récompense : la vue sur le mouillage est magnifique ! Dommage que le brouillard soit toujours présent et que nous ne puissions pas avoir une plus grande visibilité. Retour au bateau et toilette à la norvégienne : avec du savon, mais dans la mer, à l’arrière du bateau. L’eau est moins salée que chez nous et le savon mousse ! Les Norvégiens ne se rincent pas, nous, oui !
Nous quittons notre petit paradis vers midi, en ayant l’impression qu’avec le soleil, nous aurions encore mieux profiter de la plage, du barbecue, de la ressource en poisson…
Cette fois-ci, nous avons 15 nœuds, puis 22 : ris, trinquette car nous avons tiré les premiers bords avec le foc, et trop, c’est trop ! Nous avons trouvé un autre mouillage très abrité, Longoykilen, organisé en trois bassins, avec une entrée plutôt exiguë (moins de 8 mètres, notre bateau en faisant 4) et quelques cailloux à éviter. Beaucoup de monde, mais beaucoup de place. Toujours un excellent accueil des Norvégiens présents qui nous aident à nous amarrer « à la suédoise ».
Au passage, notons que nous n’avons croisé aucun autre bateau étranger, alors que la côte Ouest de la Suède regorgeait de bateaux norvégiens, mais aussi allemands. Pourquoi ???
Promenade d’abord à pied puis en annexe pour visiter le vaste plan d’eau, barbecue (obligatoire : tous nos voisins en font), et apparition du soleil.
Mais toujours grand vent annoncé pour le lendemain, lundi 5 juillet, mais avec du soleil. Nous devions quitter l’archipel de Kragerø (au passage, notez de nouvelles voyelles : il faut suivre !), mais nous décidons d’y rester un jour de plus pour profiter de sa protection. Tout le monde nous a recommandé un cheminement entre deux longues îles, étroit sur toutes la longueur, mais très étroit par endroit : nous nous y enfilons : magnifique ! Et nous finissons notre navigation de 8 nautiques à Kragerø pour y faire quelques courses. Port de pêche en activité, où les nombreuses résidences secondaires viennent se ravitailler, en voiture, mais surtout en bateau, la ville grouille sur terre et dans les ports. Trouver une place dans le port, et par grand vent semble d’abord mission impossible, mais il y a tant de mouvement, qu’une place finit par se libérer ! Il y a un mélange de vieilles habitations et d’habitations récentes, des pontons pour les bateaux à moteur qui viennent faire leurs courses jusqu’au milieu de la ville, vivant, sympathique, et comme promis… cher ! Nous nous faisons recommander un restaurant dans nos prix, et n’achetons que les produits frais indispensables !
En résumé : nos premiers jours en Norvège sont magiques, pourvu que cela dure !

Aspects Techniques
  • Le mouillage arrière dans 10m d’eau nécessite de rallonger la chaine. Nous avons donc dû reprendre notre chaîne de 15m
  • Le RM 10.50 est bien adapté au mouillage sur les rochers par l’avant compte tenu de son fond plat avant les quilles. Il me semble par contre dangereux de s’amarrer aux rochers par l’arrière. Il vaut mieux toucher les quilles que le safran ! Par contre, se méfier des mouillages le long des rochers « alongside » car la quille vers le rocher peut être très près et le sondeur optimiste. Il faut alors choisir des fonds verticaux. De toute façon, ces types d’amarrage sont inadaptés au climat breton…
  • En équipage réduit au près, par 20kt de vent, trinquette et grand-voile à 1 ris est un excellent compromis.
  • Les cartes Cmap sont très complètes pour la description des mouillages en Norvège, ce qui n’est pas toujours le cas en Suède ?




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jeudi 1 juillet 2010

Suède : la côte ensoleillée

La côte Ouest est surnommée la côte ensoleillée. Et depuis une semaine que nous y naviguons, nous pouvons affirmer que ce surnom est mérité ! Nous avons vécu un épisode orageux, avec de fortes pluies pendant une nuit et un coup de vent, et le reste du temps le ciel a été radieux. Côté température de l’eau, rien à dire : entre 18° et 20°, et Danièle a pris son premier bain de l’année.
La frontière avec la Norvège est proche, et la côte entre Göteborg et Strömstad, la ville la plus septentrionale de la côte ouest de la Suède est longue de 80 nautiques : rien de comparable avec la côte Est !
Nous avons retrouvé avec plaisir certaines caractéristiques de « nos » mers : la salinité (encore un peu faible au Sud de la zone), la vie marine (en quelques jours nous avons croisé un phoque et deux petits groupes de marsouins, la pêche est florissante et les coquillages très abondants), la clarté de l’eau… Nous avons aussi retrouvé les méduses (brunes, flottant entre deux eaux) et les goélands (mais avec des signes distinctifs). Le marnage n’est que de 10 centimètres, mais nous avons rencontrés quelques courants.
Au Nord de la zone se situe une faille de 250 m de profondeur qui amène par le fond les eaux salées de l’Océan via la Mer du Nord et la Norvège : nous n’avions pas mesuré de tels fonds depuis l’an dernier ! D’ailleurs, nous ne les avons pas mesurés, car au-delà de 110 m, notre sondeur a lâché prise… Un laboratoire international de biologie marine est installé à Tjärnö, où l’on peut vous parler de coraux, de harengs de 3,5 mètres de long…
Si au Sud de Göteborg, l’archipel est quasi inexistant, au Nord il est très important. Il s’étire le long de la côte et forme donc des bandes d’îles Sud-Nord. Les îles les plus à l’Ouest, et la côte Ouest des îles plus près de la côte sont complètement dénudées, des rocs à perte de vue, souvent de granit rose avec parfois un petit air de Ploumanach. Mais les îles et terres protégées du vent sont vertes, terres agricoles riches. La côte est parsemée de villages de pêcheurs. Pas comme sur la côte Est : il s’agit de villages qui vivent de la pêche, et la plaisance et le tourisme ne sont que des éléments de plus. Et il n’est pas difficile de s’approvisionner en bon poisson. Pour faire une comparaison avec ce que nous connaissons en France, nous dirions volontiers que l’archipel extérieur ressemble à la côte du côté de Marseille, avec les mêmes lumières violentes, les roches… l’archipel intérieur ressemble plus à la Bretagne avec ses abers: à vous de vous faire une idée avec les photos !
La côte est donc très agréable, mais aussi très fréquentée, par les Suédois bien sûr, mais peut-être encore plus par les Norvégiens.
Il faut noter que la Norvège est un pays où la vie est très chère… Il est habituel pour un Norvégien n’habitant pas trop loin de la frontière de faire un voyage par mois en Suède pour se ravitailler… Donc, beaucoup de monde, sur mer, dans les ports et les mouillages : cela nous change de notre isolement (recherché) dans le Nord de la Suède : nous sommes passés d’un extrême à l’autre !
Beaucoup de bateaux, mais pas toujours d’excellents marins. Nous avons observé que de nombreux voiliers naviguent avec le moteur, même quand il y a un bon vent, dès qu’il est de face ou qu’il y a de la mer… L’amarrage de certains bateaux norvégiens dans le port de Strömstad nous a semblé précaire et peu respectueux du voisinage…
Notre navigation a donc été fort agréable, d’autant que nous avons eu du vent portant : facile ! Nous avons fait halte dans deux ports : Skärhamn un peu au Nord de Göteborg et Strömstad à la frontière norvégienne. Tous deux étaient accueillants, grouillants de vie, avec des services de qualité. Les deux villes étaient nées en s’appuyant sur la pêche, qui reste vivace, et ont su accueillir les touristes sans perdre leur authenticité. Strömstad accueille cependant des milliers (millions) de Norvégiens dans des centres commerciaux immenses.
Nous avons aussi planté notre ancre (à la française) ou nous sommes amarrés sur des bouées du club de voile suédois dont nous faisons partie dans différents mouillages : Djupsundsholmarna au Sud de Rörö, Näverkärrskilen au Nord de Lysekil, à Gluppö dans l’archipel de Fjällbacka, à Trossö près de Havstenssund et à Nyckelbykilen juste au Sud de Strömstad. Notez bien les noms : ils nous sont devenus plus ou moins familiers, mais nous partons pour la Norvège…
Qu’avons-nous remarqué ?
D’abord que le retour du week-end de Midsummar en bateau sur Göteborg est intense : des files de bateaux à notre rencontre ! Ensuite qu’il est possible de s’amarrer dans cet archipel le long d’un rocher : les amarres avant et arrière sont sur un rocher, et des pare-battages sont entre le bateau et le rocher : voir les photos. Il peut y avoir des inconvénients : dans le premier mouillage, 4 voiliers étaient à couple, le premier était amarré sur un rocher. Au petit matin, une série de grosses vagues est entrée dans le mouillage : panique dans les 4 bateaux secoués dans tous les sens, indépendamment l’un de l’autre !
En quittant ce mouillage, un bateau suédois s’est approché de nous, et un Français à bord nous a signifié son plaisir à rencontrer un bateau français dans les environs, ce qui est rare a-t’il dit, et nous a dit avoir trouvé notre blog : sympa ! Il nous a même adressé par la suite une photo de PikouRous prise au mouillage….
Nous avons aussi rencontré un bateau « français » dans le deuxième mouillage, mais là, notre déception a été grande : le drapeau était français, le nom « Cap d’ail » était français, mais lorsque nous nous sommes approché, seule une personne à bord parlait… anglais. Le bateau était de fabrication suédoise, aucun français à bord, simplement, l’équipage avait envisagé de se rendre dans le Sud de la France ??? Nous nous sommes sentis un peu trahis.
Dans le troisième mouillage nous avons fait une superbe ballade sur les rochers. Nous avons constaté qu’il était possible dans un mouillage semblable à un mouillage français, où de nombreux bateaux sont à l’ancre de prévoir des toilettes sèches et des poubelles.

Aspect technique

  • navigation dans les chenaux sous génois seul. Cette méthode est largement employée ici. Elle permet par vent portant de s'affranchir de la crainte d'un empannage involontaire.
  • remplacement de l'évent de ventilation du compartiment moteur qui n'a pas supporté l'hiver nordique.
  • remplacement d'un ventilateur de l'ordinateur de bord qui donnait des signes de fatigue.




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